"Avant de prendre les mots des autres, il faut d'abord trouver les siens, même si ceux des autres viennent enrichir les nôtres, comme par exemple ceux de Boileau "ce qui se conçoit bien s'ennonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément "
On ne joue que soi-même, même si le monde se joue de nous et en nous. Nous sommes le monde, nous sommes un monde, avec ses profondeurs à explorer. Le travail de l'acteur est une exploration de soi-même qui mène à l'altérité.
Se comprendre soi-même c'est comprendre les autres, comprendre l'autre, notre frère en humanité, c'est à dire nous-même.
Les aspérités de notre âme, de notre être, sont autant de richesses à partager, car sans ça, le monde serait bien lisse.
Le théâtre n'a que faire de la bienséance, de toute forme de consensus mou, de gens tièdes ou insipides, car il est le lieu du débat, de la vie.
Passionnément passionné le théâtre est remuant comme le lézard dont on a couper la queue qui repousse. Plus on cherche a le faire taire plus il doit prendre la parole. Mais quelle parole ? Qu'a t-il à dire ? Que pense t-il ? Qu'a t-il dans le ventre ? Pense t-il avec sa tête ? avec ses tripes ? Parle t-il avec son cœur ?
Voilà ce que l'acteur doit assumer, porter et traverser, c'est son sommet, car en haut l'air est plus pur, plus clair, il laisse au bas de la montagne, sa défroque de clown, son égo inutile, ses bonnes manières et ses illusions et se rencontre enfin.
Oui, le théâtre met notre altruisme à l'épreuve, notre générosité notre abnégation, notre empathie, en somme, notre humanité toute entière.
Celui qui s'exprime s'expose. Celui qui reste silencieux, se ménage, ne s'expose pas, éternel spectateur, ne joue pas non plus le jeu de la vie; ni l'émerveillement ni l'indignation ne lui montent aux lèvres et il ne sera visité ni par la création ni par l'imagination. L'artiste fait de son acuité à ressentir les choses, sa force et son authenticité, c'est sa quête de sens et de vérité. C'est un guerrier sans armes si ce ne sont celles des mots, c'est un guerrier de la paix."
Lionel coffinet